A la découverte de la lutte traditionnelle des peuples côtiers appelée « Besua »

A la découverte de la lutte traditionnelle des peuples côtiers appelée « Besua »

Publié le 25 avril 2018, par Charly ngon

Le « Besua » est un style de lutte traditionnelle pratiqué par les peuples ayant vécus sur la côte camerounaise. Quant à ses origines, les récits historiques restent encore imprécis, mais certains les rattacheraient à la légende de Malobé. Pourquoi ? Auletch, on vous dit tout.

Source : Mintour/ Lutte traditionnelle sawa

Sur les rives du fleuve Wouri se trouvaient plusieurs communautés : les Duala, les Basa’a, les Bakoko, bref tout ceux qui constituent aujourd’hui l’ensemble de la grande famille Sawa. Mais entre les différentes communautés, la cohabitation n’était pas facile, à cause de la concurrence que chacune se livrait, surtout sur le plan commercial. Les plus forts avaient le droit de dicter leur loi sur les autres. Dans cette vague de guerres de positionnement, un seul homme à réussi à mettre toutes les autres communautés sous son autorité : Malobé.

Si les origines du « Besua » sont rattachées à ce personnage important de l’histoire du peuple Sawa, ce n’est pas par hasard. En effet, selon les récits historiques, Malobé était un homme grand de taille, un Goliath africain, qui terrorisait tout le monde au niveau de la côte. Comme il jouissait d’une force extraordinaire dont la nature lui a fait don, personne n’a jamais pu le battre dans un combat régulier. Fatiguées des exactions à répétition de Malobé, les populations vont aller soumettre au conseil des chefs leur préoccupation. C’est ainsi que dans la foulée, on fait allusion à Ngomninba, un bout d’homme, chétif, doté d’une force étonnante qui habite dans le canton Bakoko, qui pourrait d’après les commentaire battre Malobé.

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C’est ainsi que les chefs tout aussi heureux que les populations de savoir qu’ils pouvaient enfin en finir avec les représailles de Malobé, vont aller à la rencontre de Ngomninba fils d’Epopka. Après avoir échangé avec les chefs, Ngomninba accepte de défier Malobé lors d’un combat. Mais avant le combat, il va se retirer pendant  neuf jours et neuf nuits à Bwan Bakoko dans le village de sa mère. De retour du village maternel, il va encore s’entraîner pendant neuf jours et neuf nuits, pour être au top de sa forme. Pour les personnes qui racontent souvent cette épopée, ils vous diront que c’était tout sauf une lutte ordinaire. Parce que personne ne saurait expliquer comment Ngomninba, un homme de petite taille, en est arrivé à mettre le géant Malobé au sol. Avait-il une force mystique qui l’accompagnait ? Certains vous diront oui, en tout cas rien n’est à exclure. Le combat a duré un jour, jusqu’à ce que Ngomninba le remporte et livre Malobé à l’assemblée traditionnelle des chefs qui décidèrent de l’envoyé comme esclave en Amérique.

Après le combat légendaire qui opposa Malobé et Ngomninba, l’assemblée traditionnelle des chefs institua donc de faire de la lutte, l’un des moyens pour résoudre un différend entre les communautés. Plus besoin de prendre des armes pour tuer ou faire couler du sang. Lorsqu’un village reprochait quelque chose à un autre, on réglait le problème en opposant le plus fort de chaque village dans un combat. A la fin de celui-ci, le lutteur qui remportait le combat, donnait raison à son village. Pour éviter les conflits à l’avenir, on donnait la plus belle fille du village battu en mariage au champion. Ainsi on scellait le pacte entre les deux villages.




Aujourd’hui on ne parle plus de guerre, mais d’honneur. Pendant les fêtes culturelles telles que le Ngondo, le Mpo’o, le Mbog Lia’a et autres qui réunissent toutes les communautés Sawa, le « Besua » est l’une des attractions majeure. On ne lutte plus pour résoudre un litige, c’est maintenant pour une question de fierté et d’honneur pour un village. C’est ainsi donc qu’à chacune des éditions, chaque village prépare son champion pour défendre son honneur. Pour certaines personnes qui ont souvent coutume de suivre ces événements, il se dit qu’au-delà du combat physique, il existerait aussi un combat mystique que se livre les esprits de chaque village. Vrai ou faux, il reste seulement à le prouver. Mais c’est toujours plaisant de vivre ce type d’expérience qui est un héritage culturel, que les populations Sawa s’efforcent de transmettre aux plus jeunes générations.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch