Erreur for Vikinga Na Damé for Gringo Woman (1) - Auletch

Erreur for Vikinga Na Damé for Gringo Woman (1)

Publié le 7 mai 2013, par LGM

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Et voilà Vikinga qui débarque tout fraîchement de on-ne-sait-où… son gros sac d’écolier au dos, son carton rempli de banane, de bâtons de manioc, de mitoumba, de bols et bocaux de mets que lui ont concocté ses mamans. Oui en Afrique, lorsqu’un enfant naît, il n’appartient plus à sa seule génitrice ; mais à toute la famille, aux voisins, aux amis, bref  à toute la communauté. Ce sont eux qui l’accompagnent et le mènent dans ses chemins de la vie, pendant son enfance, pendant son adolescence, lorsqu’il devient un pré-adulte. Mais même lorsqu’il devient un adulte accompli, ces personnes sont toujours derrière lui, parce qu’elles savent qu’il est leur « personnes ».

« Tu te rappelles quand je te mettais les couches ? Tu chiais souvent sur moi toute la journée », rappelle souvent tata Bidjaka. « C’est moi qui ai payé tes études au collège », prononce souvent un tel ou tel autre oncle qui a participé le temps d’une année au pourvoi matériel d’un matériel didactique à l’enfant. « Quand tu étais malade, je t’avais soigné avec la dernière herbe magique de mon champs ; celle qui aurait pu sauver mon propre époux… », précise aussi parfois Mbombo Malba. L’enfant né dans la communauté est devenu leur bien. Vikinga est devenu le bien de tout un monde depuis qu’il est venu au monde.

Et maintenant qu’il préparait son voyage pour le pays des blancs, il avait vu sa famille quadrupler en nombre. Il s’étonnait souvent de voir des vieillards ne tenant même plus debout se plier en quatre pour lui rendre un service. Souvent c’était des enfants pourtant né devant lui qu’il voyait se transformer en domestique pour lui. Quelques jours même, le bonhomme voyait des personnes l’aborder pour la première fois et lui dire : « Oh Vikinga, fils d’Akono et de Mgba Margarine, tu es mon fils. Je te cherchais depuis qu’on me parlait de toi… Que tu as grandi ! Moi je suis un vieil ami de ton père (ou une camarade d’école de ta maman) ». Après la première et plausible dernière poignée de main avec ces inconnus qui se greffaient toujours à lui, Vikinga avait fini par concevoir à un moment donné de sa vie que sa famille était illimitée.

Après ses études assez difficiles au collège et à l’université, le garçon de 29 ans avait économisé assez durement pour aller se chercher chez les blancs. Et quand Vikinga l’a annoncé  à sa mère, c’est toute la famille – mais vraiment toute la famille – qui s’est réunie pour pourvoir des denrées, prodiguer des conseils, donner des bénédictions mais surtout passer des commandes au jeune homme. Mais ils ont oublié qu’en réalité, Vikinga ne leur appartenait plus depuis fort longtemps. Il n’appartenait qu’à une seule et véritable personne : Athase ! La fille qui lui avait tourné la tête. Depuis bientôt 4 années, le garçon marchait au pas de la « gringo » qui avait fait de lui son « mougou ». N’allez  pas croire que c’était une affaire de Ntobassi – que non !

Quand il l’avait connue, il avait 25 ans et elle 28. La fille l’a composé et l’a mis dans le fût et le salop est resté dedans. Il ne voyait jamais de son plein gré car c’est quuand elle voulait qu’elle lui donnait le okay. Il l’entendait généralement au téléphone et quand sa famille lui demandait quelque chose, Vikinga consultait sa chatte noire. Eh oui, la fille était une stripteaseuse  qui avait des contrats dans de grands clubs de la ville. Evidemment, celle-ci avait des réponses originales quand il s’agissait de satisfaire des requêtes venant de la famille de son gibier de copain.

–          Tu donnes même quoi au vieux là ? Il ne t’a connu quand tu avais 8 ans. Aujourd’hui il vient de demander de lui acheter une machette ! Tu ponds seulement ça ?

–          Non bébé… Mais je peux faire un peu d’effort pour lui venir en aide non ?

–          Rien ! Tu ne fais rien ! Depuis là, le pater là ne pouvait s’acheter ça ?

–          Il en avait une, mais elle est déjà…

–          Ferme-moi ton puits là, mougou ! Tu ne leur donnes rien ! Plus jamais rien ! Tu gardes l’argent rien que pour ton avenir et c’est la seule chose qui compte car toutes ces gens qui disent être de ta famille son égoïstes ! Ton avenir avant tout ! Compris ?

–          Oui, bébé. Je comprends…

–          Et c’est qui ton avenir ?

–          C’est toi bébé… Dis bébé, quand est-ce que je vais pouvoir te toucher ?

–          Hé hé hé ! Ce sera le jour où tu sortiras de l’œuf.

–          Ça veut dire quoi, l’ « œuf » ?

–          Tu comprendras un jour. En attendant, ne parle de nous à personne. Sinon, ils seront jaloux et chercherons à te faire du mal comme le font tous les africains jaloux.

Bref, voilà comment se passait généralement leurs débats. Athase avait submergé l’esprit de Vikinga. Il l’avait non plus seulement dans la peau mais même dans l’os. Il avait tout ou presque fait pour elle… (Demandez-lui, il vous listera cela).

 

A suivre …

Auteur : LGM

Passionné d’art contemporain et de culture afro, j’aime la cosh, l’humour et l’écriture. Regardeur de jolies filles au carrefour (sauf en hiver), ancien katika au Djambo, j’adore la combinaison okok + saucisse de manioc en robe de raphia et fibre de bananier. Mon tag préféré : ‘’sourire’’.