10 choses à retenir du Douala Hip Hop Festival 2017

10 choses à retenir du Douala Hip Hop Festival 2017

Publié le 20 décembre 2017, par Mota__Savio

Au terme de quatre jours de fête ponctués de joies et de peines, il est temps de faire le bilan de la 7eme édition du Douala Hip Hop Festival, l’un des événements majeurs de culture et principalement de culture HIPHOP au Cameroun. 

1-  Un véritable marché du STREETWEAR doublé d’un défilé de mode

Contrairement aux éditions précédentes marquées par des hésitations qui conduisaient fatalement à un marché du streetwear nonchalant et peu attractif, cette septième édition rompt avec cet état de choses. En effet, le comité d’organisation nous a proposés une attraction organisée, rigoureuse mais surtout animée. D’une part grâce à une dizaine de marques venus des quatre coins du Cameroun, – Mboa Legacy, Bekwadi Ba Mpessa, Tu Dors Ta Vie Dort, Wadjo, Motherland Clothing, Kweni – qui jour et nuit étalaient leurs produits (sacs, chaussures, t-shirts, polos, foulards, accesoires divers) avec envie, passion et souci de visibilité comme l’affirme Yves Ngamako, promoteur de la marque Kweni qui signifie « amour » chez les Bafang. « C’est d’abord pour présenter ma marque, augmenter la visibilité, et faire connaitre ma particularité par rapport aux autres parce que je mise beaucoup sur le tissu que je mixe avec d’autres pièces ».

Douala Hip Hop Festival

D’autre part, le défilé de mode qui a réuni l’ensemble des marques présentes sur le site. Une occasion d’admirer les modèles, les collections et les créations de ces jeunes pétris de talent en phase avec le thème retenu pour cette édition : « Youth Is A Talent ».

2- L’ouverture à l’international et principalement aux artistes de la sous- région Afrique Centrale

Sultan

Forte était la délégation tchadienne qui a fait le déplacement pour le Parc des Princes de Bali à l’occasion de ce festival. Ainsi, sur la scène, on a vu Sultan, l’incontestable icône du rap tchadien qui traîne une carrière musicale de presque 20 ans. Moins jeune que lui, Melodji est une autre étoile du mouvement musical tchadien. Artiste au style RnB et Pop, la jeune fille de 24 ans, sans pression, a presté devant le public camerounais s’attirant même des acclamations d’un public réputé « froid ».

Un froid auquel l’artiste congolais Mixton a apporté de la chaleur. En effet, l’artiste a livré une prestation dont on se souviendra. Que ce soit en Lingala, ou en français, avec des cris de guerre, et des pas de danse des « Bana Congo », Mixton a mis tout le monde dans sa poche. Et ce n’est pas Adango Salicia Zulu qui dira le contraire. La chanteuse camerounaise est montée sur scène en allant en impro avec lui. Que dire ! Il a wanda sur elle ! Un duo pas préparé mais qui a ravi les fans. Des fans qui ont pu apprécié aussi les passages des artistes tels que Alibeta du Senegal, et Jehf Biyeri du Congo.

3- Le débat sur la question du live 

Animé par Fidjil, l’atelier intitulé « Le live dans le HipHop au Cameroun … Sommes-nous prêts ? » a réuni une quinzaine d’acteurs du mouvement hiphop et par extension culturel. Chanteurs (Armand Laklass, ci à gauche de l’image), rappeurs ( Krotal, à droite de l’image), Hobskur, journalistes, blogueurs, et promoteurs débattaient sur une thématique qui fait fureur au pays et étonnement aussi dans les pays voisins. Sauf que Sultan, icone du rap tchadien affirmait avec une petite joie que du fait du manque des studios types-professionnels, l’école du live s’impose vite aux artistes du Tchad.

En deux heures de temps, ils ont essayé tour à tour, de donner chacun sa réponse à la question. Des avis d’experts qui – tranchent avec ceux établis – sonnent comme un appel aux jeunes et aux anciens. Car le live n’est pas une question de moyens mais de vision, de direction, de sens donné à une carrière. Avis à la jeune génération…

4- Puis le live en lui-même avec des prestations de plus en plus intéressantes.

, Mic Monsta

Accompagné de danseurs, le rappeur camerounais Mic Monsta a mis le feu sur la scène du Parc des Princes de Bali. Porté par le « Freedom of speech », issu de son récent EP, le MC nous a offert un live surprenant. Tout comme Ko-C, Elje Contador et Bad Nova, des jeunes artistes qui ont pu mesuré « l’impact » de leurs songs sur le public.

Mais l’une des plus grosses performances au Douala Hip Hop Festival, est sans doute celle du Collectif Hip Hop Développé. Au devant de la scène, Teety Tezano ( à l’extrémité droite de la photo), Adango Salicia Zulu (Au milieu) et Danielle Eog (l’extrémité gauche de la photo). Trois artistes à voix qui ont offert au public un show de bonne facture. Soutenues par des musiciens en back, elles ont conquis les cœurs, fait danser les festivaliers et montrer que live n’est pas une affaire des autres. Non non, ça se fait au Cameroun et avec brio au passage.

5- Le Digital Art Market 

Digital Art Market

Organisé dans le but de mettre en avant le savoir faire des start-ups liées de près ou de loin avec la culture et singulièrement la musique, le Digital Art Market a rassemblé des jeunes ambitieux qui ont fait de la promotion de la culture leur cheval de bataille. Tenez pour exemple, la plateforme Kamerlyrics.net tenue par Minette Lontsie.  Mise en ligne en décembre 2013, le site a pour but de promouvoir la musique camerounaise en mettant à la disposition des mélomanes, les paroles de leurs chansons préférées. Ceci dans le but de leur permettre de mieux apprécier la musique camerounaise à travers les bonnes paroles. Ainsi depuis janvier 2017, en plus des lyrics, la plateforme propose également des traductions des chansons en langues nationales(Duala, bassa, Ewondo, Medumba…).

Les jeux vidéos n’étaient pas en reste. Cette attraction – certes pas majeure – a fait son chemin durant ces quatre jours en témoigne la concentration de Bad Nova et Elje Contador, deux artistes camerounais qui se sont détendus quelques heures avant leur passage sur la scène du Douala Hip Hop Festival. A ce jeu, on aimerait bien savoir qui était le vainqueur ? Sono Live nous dit-on avec humour.

6-  L’onction du parrain Ben Decca et de certains cadors du milieu

Annoncé sur les réseaux sociaux comme parrain de cette septième édition, Ben Decca a bel et bien répondu à l’appel de la jeunesse. Une jeunesse représentée ici par Daphne avec laquelle il a repris le titre « Ndolo » sous le regard admiratif du public. On a pu voir que l’osmose est réelle. Comme un main tendu aux « anciens », cet acte est fort de sens non seulement en termes de légitimité – Oui au Mboa, il est crucial d’avoir un parrain –  et aussi en termes de legs. Car, il est aussi question d’héritage. Un héritage qui pose une problématique centrale. Que laisserons-nous à la future génération ?

Une question à laquelle Krotal a répondu avec joie sur scène. « Si je continue de chanter Magasco va chanter à quelle heure ? MAGASCO ». Et c’est ainsi que l’auteur des titres « Belinda », « Wule Bang Bang » et récemment « Sokoto » va faire danser le public. En attendant son tout premier album, le gars signé chez Empire Company a donc pris le flambeau d’une jeunesse en quête de challenges, de succès et de reconnaissance. Seul regret sur sa prestation, l’absence de danseurs(es) qui aurait donné une touche plus festive à son show …

7- De belles découvertes musicales durant ce festival

 :

Malgré un plateau découverte pauvre cette année, certains artistes sortent du lot. D’une part, Krys Kofi, un jeune artiste venu de Yaoundé, au style US dont on avait longuement parlé ici.  Plutôt timide sur la scène, il a attiré l’attention avec ses lyrics et son remix du titre « Crank that » de Soulja Boy. D’autre part la Team A3, un trio composé de Light Man, Rasta Bennie et Hector A3 qui ont mis le feu avec le style ragga-dancehall. On se croyait en pleine balade sur un vélo et surtout dans les rues de Kingston en Jamaïque. En vrai !

Team A3

8- Tenor est véritablement devenu un ténor

Pour ceux qui en doutaient, ils ont pu voir la force du jeune artiste camerounais sur scène. Fringuant, tout en noir, Tenor, récemment signé chez Universal nous montre ses capacités d’improvisation, sa capacité à fusionner le  bikutsi et le rap et ce devant la foule en liesse qui en redemande. Un régal pour les yeux, des sensations pour les oreilles et surtout un boom pour la culture et la musique camerounaise en particulier. Nous y sommes. La jeunesse a pris le pouvoir. Tenor est devenu un ténor.

9-  Le phénomène Tenor 

Porté par la foule et sa fougue, Tenor a mis tout le monde d’accord. Les images parlent à suffisance. La liesse est perceptible. L’admiration pour ce jeune artiste encore plus. Preuve que Tenor est en train d’écrire l’histoire. Son histoire et celle de la musique camerounaise. Qu’on le veuille ou pas, le public du Douala Hip Hop Festival a été Tenorifié par le Fiang Le Way Le Yamo.

10- Le public du Douala Hip Hop Festival

 

Malgré les retards, les couacs et surtout les imprévus, le public camerounais  a répondu aux appels de la culture. Durant ces quatre jours, les plaintes ont fusé de divers bords, à l’intérieur ou à l’extérieur du Parc des Princes de Bali, à tort ou à raison, le public qualifié souvent d’infidèle a réagi aux efforts de la team du Douala Hip Hop Festival. Malgré la timidité du premier jour, au fil des jours, nous avons vu le public venir encore plus nombreux …

Que dire de plus si ce n’est qu’il y a de l’espoir. Les camerounais n’attendent que des concerts 100% Mboa. Cependant, on gagnerait à mieux vendre ces spectacles au public qui ne demande qu’à vibrer au rythme des sonorités issus d’un mouvement Hip Hop en pleine effervescence au Cameroun. Mais encore, on devrait aussi revoir la méthode à adopter pour remettre le culte et la célébration de l’ART et LA CULTURE dans les mœurs de chaque camerounais.

Auteur : Mota__Savio

Mollah, moi je suis Africain hein ! Camerounais et fier de l’être. Team: Vert-Rouge-Jaune ô Bosso. Internet ma muse, je n’oublie pas pour autant le ndolè et les missolè de mes ancêtres. Bref, je suis un gars comme vous : Un gars « connecté ». Hein ! Mollah