TRADITIONS & LEGENDES : Au cœur du peuple Bamoun, des origines jusqu’au Nguon - Auletch

TRADITIONS & LEGENDES : Au cœur du peuple Bamoun, des origines jusqu’au Nguon

Publié le 26 février 2016, par dartnaud

foumban

En l’an 1394, un jeune prince Tikar, en compagnie de deux de ses oncles, Morunta et Nguonso, quitte leur contrée à Rifum dans la vallée du Mbam. Les trois princes partent de Mbamkim à la recherche d’un royaume qui leur appartiendrait. Lorsqu’ils atteignent la rive du fleuve Mapé, chacun décide d’emprunter sa propre voie. Morunta et Nguoso fondent respectivement les royaumes de Nditam et de Banso

Attiré par les riches terres des hauts plateaux qui aujourd’hui sont connues sous le nom de département du Noun, Nchare traverse le fleuve avec sept compagnons, à savoir : NjiMonshare, NjiKumnjuo, son demi-frère, Njianga, un guerrier en meme temps beau-frère de Nchare, un autre guerrier dénommé également Njianga, Njimanka et NjiMonanka, amis de Nchare et Njiamfa, son neveu. Ils se dirigent vers le village de Njimom où Nchare, fils de la princesse Yen renverse astucieusement le Chef de ce village et s’y installe comme Chef.

Au milieu des Nguon mystificateurs, Nchare Yen et ses sept compagnons s’asseyent sous l’ombre de karité dans le village de Njimom en réfléchissant sur leur quête du pouvoir. C’est sur cet arbre assis sur sept pierres qu’ils donnent naissance au concept du royaume Bamoun.

Au fil du temps, Nchare Yen se lie d’amitié avec MfoMokup, chef de village voisin de Mokup, MfoMokup avait au sein de sa chefferie une société secrète dénommée Nguon qui assurait l’approvisionnement de son palais en denrées, en distribution équitable de la nourriture dans toute la chefferie. Chaque année, pendant la période des récoltes, les possesseurs du Nguon parcouraient la chefferie pour s’assurer que les villageois apportent leur récolte au palais du Chef MfoMokup qui redistribuait les produits de la récolte à ses sujets, en s’assurant que chacun ait un peu de tout ce que produisait la chefferie. S’il y avait un surplus, on le conservait dans un grenier au palais pour être consommé  pendant la saison sèche ou au cours d’une année de mauvaise récolte.

Ce rassemblement de villageois se terminait par la célébration d’une fête pendant trois jours au cours de laquelle chacun buvait, mangeait, dansait à satiété. C’était la fête des récoltes connue sous le nom de Festival du Nguon.

Le Nguon,  un véritable spectacle culturel durant trois jours

Tous les deux ans a lieu à Foumban pendant trois jours une célébration culturelle&traditionnelle du peuple Bamoun dénommée NGUON. Chaque journée est composée de plusieurs activités intéressantes telles que : des danses traditionnelles, des cérémonies rituelles, des soirées récréatives sans oublier la gastronomie qui permet de déguster des plats succulents. Pendant toute cette période, des musiciens et griots animent le palais. Le Nguon est un moment où le peuple Bamoun se rassemble pour émettre leurs idées et pour exposer leurs problèmes. C’est une véritable communion entre le Roi des Bamoun et son peuple.

Dans le passé, le Nguon se tenait une fois par an, durant la période des récoltes en fin juillet, ou début août. Mais depuis 1996, le Nguon est devenu un festival biennal (après deux ans) célébré entre novembre et décembre et qui commence  toujours le vendredi soir pour s’achever le dimanche matin.

Le vendredi soir

Au début de la célébration, toutes les lumières (intérieures et extérieures) du palais du Roi Bamoun sont éteintes. Dans l’obscurité, les possesseurs du Nguon (société secrète) font leur entrée dans la cour du palais en jouant aux tambours. Les lumières ne sont allumées qu’après l’entrée du dernier possesseur du Nguon dans la salle.

A minuit, le Roi rend visite aux possesseurs du Nguon. Ils l’entretiennent des problèmes, des plaintes du peuple Bamoun dont l’annonce publique sera faite le lendemain matin. Après le briefing, ils passent la nuit au palais en jouant à leurs instruments et en dansant.

Le samedi

Le matin, les possesseurs du Nguon commencent par faire le tour du palais. Ils visitent les résidences des reines en demandant l’aumône. Ils se rendent ensuite à la cour principale du palais pour participer à la cérémonie rituelle du Sha’pam. Pendant le Sha’pam, les Fons Nguon (Les chefs du Nguon) apportent chacun au roi un sac qui contient des mélanges d’écorces et autres qui ont des pouvoirs mystiques. A tour de  rôle, le Roi retire du sac de chaque chef ses mélanges et les met dans son propre sac pour l’aider à gouverner le royaume.

Lorsque le Sha’pam est terminé, le Roi sort du palais avec tous les insignes et attributs royaux. Il se rend à pied à la cour du Nja où il fait face au peuple. A ce moment précis, le Roi et tous les habitants du royaume sont des citoyens avec des droits démocratiques égaux, et pour cette raison, le roi est debout et dépourvu de son trône. Alors, deux membres de la société secrète Mut-ngu dénommés Pa-nda mut-ngu (porteurs des lances de la justice, couverts et voiles de la tête jusqu’aux chevilles avec un tissu léger)  plantent leurs lances appelées Ku-mut-ngu autour du Roi, donnant symboliquement l’assurance que le Roi sera jugé avec équité. Le peuple qui a patiemment attendu depuis deux ans, expose ses problèmes tout en critiquant librement ce dernier. Le Roi doit donner des réponses directes à leurs critiques et faire des promesses de solution aux problèmes. C’est seulement lorsque le peuple manifeste sa satisfaction quant aux réponses que le Roi peut se rasseoir sur son trône. Un mouton est sacrifié dans le but de rendre un fervent hommage aux ancêtres. Cet acte marque la fin des cérémonies rituelles de la journée. En début d’après midi, le Roi visite les stands d’exposition des artistes, artisans, planteurs, des communautés Bamoun de l’extérieur, etc. La soirée se poursuit par plusieurs activités festives.

Dimanche

Vers 04heures du matin, le tambour Nkindi (3.55m de long ; 1.17m de largeur ; 1.3m de diamètre) résonne pour annoncer au peuple Bamoun qu’il est temps de se rendre à la cour du Nja. Le peuple et l’armée royale portent immédiatement leurs tenues de guerre et se dirigent vers la cour du Nja pour atteindre le Roi. Cette coutume est connue sous le nom de fit Nkindi.

Vers 05heures du matin, le Roi et son entourage se rendent à la cour du Nja pour retrouver les guerriers. Le Roi et sa suite escortent es guerriers jusqu’aux limites de la ville de Foumban, envoyant ainsi symboliquement les guerriers au champ de bataille. Cette cérémonie, dénommée Sho’melue, est exécutée en mémoire du grand guerrier Bamoun, le Roi Mbuembue, 11ème  Roi de la dynastie Bamoun.

Environ trois heures de temps après, le Roi, son entourage et les guerriers retournent à la cour du Nja en exécutant des chants de victoire, avec en main des lances entourées de la plante Nkunku, qui est le symbole de la paix dans la culture Bamoun. Le Nkunku présent sur la tête des lances représentent les ennemis vaincus. Dans la cour du Nja, le Roi et le reste de la population vivent une simulation des actes de victoire. Les guerriers exécutent la danse de la victoire dénommée Ngu qui clôture les manifestations du Nguon.

Textes traduits en français par Ndze Nefoh (Les chemins de la renaissance)

Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !