Mbenguiste, mon mari est infidèle, mais je n’arrive pas à divorcer - Auletch

Mbenguiste, mon mari est infidèle, mais je n’arrive pas à divorcer

Publié le 2 juillet 2014, par LGM

divorce

Voilà plusieurs années que je vis avec Florian, ce charmant garçon qui a conquis mon cœur et fait de moi une femme heureuse, son épouse. Aujourd’hui nous vivons en mbeng*, où nous éduquons nos 3 merveilleux enfants. Cela fera bientôt 11 ans de vie commune, parmi lesquels 8 années d’intense connexion et de pur bonheur. Enfin … c’est ce que je pensais !

Je m’appelle Elisabeth, je suis troublée et je ne sais quoi faire. Cela fait quelques années que j’ai découvert l’infidélité – ou plutôt les infidélités – de mon mari. Ça a été un réel choc pour moi de le savoir, je pensais que ces choses n’arrivaient qu’aux autres, pas à ceux qui s’aiment sincèrement. A chaque coup dur, j’ai  trouvé la force de lui pardonner mais c’était surtout pour préserver mon foyer et construire quelque chose de stable. Jurant à chaque fois qu’il ne le ferait plus, ses excuses et supplications touchaient mon cœur rempli d’amour pour lui et j’acceptais de tout oublier.

Je dois aussi vous avouer qu’à part ses infidélités périodiques (en général au mois de Juillet quand il va regarder ses business au pays), c’est un excellent père et un amour de mari. Il s’occupe à merveille de nos trois enfants, il me couvre d’attentions et de cadeaux comme à l’époque où il me faisait la cour. Mais je ne sais pas quel petit démon trouble souvent son cerveau. Je souffre en silence …Ne suis-je pas une bonne épouse ? Je fais pourtant tout pour le satisfaire, mais alors vraiment tout ce que vous pouvez imaginer … Hélas ce n’est apparemment pas suffisant, vu qu’il réussit à voir ailleurs.

Aujourd’hui, je suis fatigué de ces abus. Je l’aime pourtant encore, autant qu’il y a 10 ans quand je lui ai dit oui devant cet autel. Si seulement il pouvait s’en rendre compte … j’ai envie de m’en aller, fuir et tout oublier mais est-ce si facile ?

Ma culture africaine voit le divorce d’un mauvais œil, le mariage est considéré comme la plus grande réussite sociale pour une femme. Les femmes ne divorcent presque pas (d’ailleurs même en patois le mot “divorce” n’existe pas), elles subissent, mais à quel prix ? Maintenant je comprends car j’en suis là. Je pense à mes enfants, au cadre de vie que je veux pour eux, grandir avec leurs deux parents. J’ai grandi sans mon père et j’en ai tellement souffert que pour rien au monde je ne le souhaiterais pour mes gosses. Mes amies me demandent tous les jours ce que je fais encore avec lui et pourquoi je ne divorce pas tout simplement. Seulement, elles sont d’origines occidentales pour la plus part et ne peuvent comprendre ma frustration et mes inquiétudes. Je suis sous l’emprise de ces valeurs africaines qui ont jusqu’à présent dictées ma vie, bien que vivant en mbeng.

Que va penser la famille ? Une femme divorcée, qui plus est avec des enfants, est très mal vue dans notre société. Pour preuve, même ma mère ne veut rien entendre quand j’ose lui parler de cette éventualité, elle me dit : “ma fille, tous les hommes que tu vois ici dehors ont une maîtresse, mais c’est toi qui est à la maison, ce n’est pas bien grave, pense aux enfants …”. Quant à ma belle-mère, elle m’accuse d’exagération. Au fond je sais qu’elles me comprennent, mais tout comme moi, elles ont peur du regard de la société.

Je ne veux pas être comme celles-là qu’on montre du doigt en disant qu’elles n’ont pas su tenir un foyer. Pourrai-je refaire ma vie ? Qui voudra d’une femme divorcée et mère de 3 enfants ? Quelles séquelles laisserait un tel acte à ces derniers ?

Même si ma plus grande satisfaction reste mes 3 enfants, je ne cesse de pleurer en me demandant ce que je dois faire, quelle décision prendre : Divorcer ou subir ; m’opposer au choix de ma famille ou considérer les perceptions africaines sur ce sujet ? Ou alors persévérer et penser qu’un jour ça changera. Je ne sais quoi faire …

 

Une femme déçue

 

P.S : L’image et les personnages sont fictifs, mais l’histoire bien réelle.

Auteur : LGM

Passionné d’art contemporain et de culture afro, j’aime la cosh, l’humour et l’écriture. Regardeur de jolies filles au carrefour (sauf en hiver), ancien katika au Djambo, j’adore la combinaison okok + saucisse de manioc en robe de raphia et fibre de bananier. Mon tag préféré : ‘’sourire’’.