Les 5 erreurs du futur Mbenguiste - Auletch

Les 5 erreurs du futur Mbenguiste

Publié le 18 juin 2013, par Jean Ndi Ansa

 

paris

Qui veut aller en Mbeng ? Moi monsieur! Moi monsieur!

Attendez ! Pas trop vite! Lisez d’abord ceci …

Je ne vais pas la jouer à la Sergeo Polo, vous dire que Mbeng est difficile et tout, c’est vous mentir ; Mbeng est bien! Je vous ferai juste part de ma modeste mais riche expérience, et surtout je tiens à vous faire éviter les erreurs que moi et beaucoup de Mbenguistes ont commises. Je lance.

Quand j’ai eu ma licence au pays, j’étais déjà fatigué de wait*. Je voulais bouger à tout prix. Je notais tous les numéros de téléphone qui passent en bas sur canal 2 là; je suis allé dans plein d’agences, et tellement d’autres choses… Voici mes erreurs.

1. Le choix du pays

Vu que j’étais pressé de bouger et que Maman n’avait pas le temps de réunir assez de fonds, j’étais prêt à tout prendre pourvu de monter dans l’avion. Très grosse erreur! Plus simple sera la procédure, plus difficile sera l’expérience ici. Les meilleurs pays sont ceux où il est le plus difficile d’accéder. Dans ma précipitation, j’ai failli me retrouver dans des pays que j’éviterais de citer vu le respect que j’ai pour mes amis qui s’y trouvent, des pays pires que le Camer.

Ce n’est pas parce qu’il y a des Blancs dans un pays que c’est bien, croyez-moi sur parole. Il y a des pays plus pauvres que le Cameroun pourtant habités par des Blancs. Vous avez ces infos sur le net. Aussi, évitez les destinations qui ont des frontières fermées sauf si le pays est très riche. Cherchez les pays Schengen de préférence pour l’Europe; au moins si ça ne fonctionne pas, tu le quittes en bus pour un autre et tu te donnes de nouvelles chances.

2. Les sources d’informations

 A l’heure où j’écris cet article, j’ai déjà été résident dans 3 pays européens. Et je vous promets, à chaque fois avant de me déplacer, j’en ai discuté avec des amis déjà sur place et ce qu’ils m’ont dit a toujours été différent de ce que j’ai trouvé sur place. Méfiez-vous des Camerounais! Un Camerounais te dira difficilement qu’il souffre, il te dira que ça va, il gère ; un autre te dira que c’est très dur, pourtant il a des moyens de réussite. Bref, les Camerounais sont souvent très faux dans les infos qu’ils donnent. Ce n’est pas par méchanceté ; je crois que c’est notre nature. Donc à vous qui voulez bouger, sélectionnez bien à qui vous vous adressez. Au cours des 10 premières minutes de la conversation, sachez différencier les pessimistes des optimistes, les menteurs des sincères. Parlez avec ceux qui sont capables de vous dire la vérité sur ce qu’ils vivent, pas avec des rêveurs et des parvenus. Vous me demanderez comment les distinguer, je vous répondrais que je ne sais pas, vu que je suis tombé 3 fois dans le même piège.

De plus, les informations que les gens vous donnent représentent 25% des infos dont vous avez besoin ; les 75% restant se trouvent sur le site internet des ambassades. Mes frères, prenez le temps de lire et sauvez vos vies. Il n’y a que sur le site de l’ambassade que vous trouverez les vraies informations sur les lois relatives aux étudiants et autres. Vos amis vous donneront l’info qu’ils ont eu en venant oubliant que ces lois changent tous les jours. Recherchez l’info la plus récente sur le site de l’ambassade, pas sur Wikipédia!

 

3. Le choix de filière

Ceci ne concerne pas seulement les futurs Mbenguistes. Même au pays, on se trompe souvent de filières une fois son bac en poche ; mais au pays, ça va encore, on peut changer facilement de cursus. Ici, c’est compliqué. Votre présence sur le territoire du Blanc dépend de votre évolution, donc évitez au maximum de ne pas être sûr de ce que vous voulez faire ici. De plus, il y a des pays où l’école est vraiment chère, il serait dommage de jeter l’argent de nos pauvres parents par la fenêtre à cause d’un manque de recul. Prenez le temps et réfléchissez bien. Ou pire, faites une prépa ou une fac moins chère le temps de vous décider tout en avançant, et surtout pour limiter les coûts.

4. L’attitude une fois en Mbeng

Shhhhhhiiioouuuum! L’avion a atterri à CDG (Charles-De-Gaulle). Vous êtes en Mbeng. L’air est différent, il y a des Blancs, vous avez même déjà changé votre accent, vous allez voir la tour Eiffel … Vous êtes officiellement Mbenguiste! Non. Vous ne serez vraiment mbenguiste que quand vous aurez fait tout ce que vous avez à faire une fois sur le territoire, quand vous aurez votre petit job qui vous permettra d’être un peu autonome, quand vous vous serez stabilisé. L’erreur que beaucoup font c’est se contenter d’être là. Plus tard, c’est eux qui souffrent, qui se retrouvent obligé de faire ce qu’ils n’avaient jamais pensé faire un jour dans leur vie pour s’assurer les papiers et à manger. Dès que vous arrivez, assurez-vous de vous mettre en règle avec la sécurité sociale et la mutuelle (France), la NI (Angleterre), la carte de taxe (autres) et j’en passe. Ces petits documents négligeables, pas obligatoires, mais qui sont très importants pour l’avenir sur le territoire. Parlez beaucoup et à tout le monde de telles sortes qu’aucune info ne vous échappe.

 

5. L’entourage

Eh oui, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Croyez-moi la plus grosse difficulté que j’ai rencontré ici, c’est ceux avec qui je vivais. Je ne vous parle pas d’étrangers ni d’amis mais bel et bien de ma famille, de mes propres frères. Mbeng change les gens ? Non, Mbeng aide les gens à se découvrir. Pour la plupart, vous viendrez chez vos oncles et tantes servir de domestique ou baby-sitter, genre même le dehors là vous n’allez pas voir. Je ne parle pas de vos frères qui vous diront de laisser les cours pour aller jobber* et l’aider à payer le loyer. C’est dur je vous l’assure. Sur ce point aussi, je n’ai pas de solution. On ne choisit pas vraiment sur qui on tombe, on les découvre. Mais donnez-vous toujours une marge de contrôle de telle sorte que les 60% de votre destin reste entre vos mains. Ne vous jetez pas dans la gueule du loup en prétendant être en famille, vous serez déçu. Gardez très bien vos objectifs dans la tête et réalisez les coûte que coûte. Il n’y a que votre réussite personnelle qui vous ouvrira les portes ici en Europe, pas la famille, pas les frères.

Je vais éviter d’être long, j’écrirai probablement un autre article pour lister encore plus d’erreurs. Mais croyez-moi Mbeng est bien quand on se prépare bien. Sinon c’est la grosse merde.

D’après vous, quelles sont les autres erreurs à éviter dans son projet  de futur Mbenguiste?

wait = attendre, patienter

jobber = faire un job

 

Auteur : Jean Ndi Ansa

Je suis un perdu 3.0 qui touche à tout et parle de tout. Ma bouche va me tuer, que les muets ne restent pas mourir. On en parle @A_zTwT sans influence. #Peace